Quand un Champenois découvre une cave calcaire au cœur d’Angoulême, il lui vient naturellement des idées de vin pétillant ! L’endroit est idéal pour produire un vin de très bonne facture grâce à une température constante de 15°C, une bonne humidité et une pénombre bienfaisante. En 1921, Lucien Charlemagne, constatant la qualité de la matière première dans le vignoble local, importe ainsi le savoir-faire de son terroir de Champagne sur les rives de la Charente.
Cent ans plus tard, l’entreprise travaille toujours selon les mêmes méthodes, avec une petite équipe soudée. Tout se fait à la main, à l’ancienne, en prenant le temps de bien faire les choses et surtout, de laisser faire la nature. Le vin selon la méthode champenoise est un vin qui fermente deux fois.
Une fois la vendange rentrée et la fermentation alcoolique terminée, on ajoute alors au vin une « liqueur de tirage ». Ce mélange de sucre, de vin et de levures provoque une deuxième fermentation, cette fois dans la bouteille. Pendant plus d’une année, les levures se nourrissent du sucre, intensifiant au fur et à mesure des saveurs et des arômes particuliers. Le flacon reste soigneusement allongé à l’horizontale, fermé par une capsule métallique.
Cette deuxième fermentation produit des lies très abondantes. Pour décoller le dépôt, il faut ensuite tourner la bouteille régulièrement. Autrefois, les flacons étaient installés un à un sur des pupitres troués en forme de V. Les ouvriers tournaient d’un huitième de tour chaque bouteille pendant un mois pour faire tomber la lie au fond du goulot.
Désormais, et c’est la seule concession des Caves Charlemagne à la modernité, le remuage se fait de façon mécanique : les caisses de vin sont installées en pente sur un remueur qui donne régulièrement de petites vibrations douces.
Pour faire une méthode champenoise, tout est question d’alchimie : les cépages et le terroir de chaque vendange, les murs couverts d’une pellicule duveteuse de champignons (si, si, c’est un gage de qualité !), l’équilibre hydrique de l’ancienne carrière de pierre, l’absence de lumière, la tiédeur des lieux, …
Une fois la deuxième fermentation achevée, jusqu’à trente mois pour certaines productions, chaque bouteille est dégorgée. À la main, l’opérateur élimine le bouchon de lie et instille une liqueur dont le mélange est le secret du goût particulier du breuvage, la signature intrinsèque de la maison. Un secret défense, jalousement préservé au fil des ans !
La visite des caves est passionnante. Dans ce lieu hors norme, tout impressionne : sa dimension (plus de 5 000 m2), les milliers de bouteilles soigneusement allongées les unes sur les autres, les centaines de caisses de bois qui montent haut, les coins et les recoins de ce dédale de pierre taillé au cordeau, les traces du passé que l’on découvre à la faveur d’une faible clarté, la rigueur que l’élaboration de la méthode champenoise demande. Rien n’a changé depuis cent ans. Et c’est bien !
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Carnet d’adresses
- À faire
Les Caves Charlemagne - visite : 45 mn environ avec la dégustation. Le prix : gratuit. Accessibilité : la cave est accessible à des personnes à mobilité réduite et aux fauteuils. Uniquement sur RDV.
Boutique : méthode traditionnelle en brut, demi-sec, chardonnay, muscat, rosé et bio. Mais aussi choix de cognac, vins de La Maison des Maines (en rouge, blanc et rosés), Pineau, jus de raisin pétillant en rouge et blanc, bière au cognac, crème de cognac caramel et vente vinaigre de Bouteville.
15 impasse du Tropic, 16000 Angoulême. Tél. 05 45 95 02 77.
- Où manger
Chez Zézette et Marcel, Coffee shop-restaurant.
26 rue de la Cloche Verte, Angoulême. Tél 09 81 75 33 86.
Un lieu plein de charme décoré de trouvailles chinées. Le café est délicieux, élaboré avec une machine italienne unique en France, la cuisine est maison, à base de légumes et de plats parfumés. Tous les desserts sont totalement irrésistibles.
Publiée par Zezette et Marcel sur Samedi 16 janvier 2021