« Dès 1850, la Charente a été le théâtre d'importantes recherches dans le domaine de la préhistoire », souligne Jean-François Tournepiche, paléontologue et conservateur du musée d'Angoulême. D'ailleurs, une visite de ce lieu s'impose. Il retrace de façon très claire et didactique les différentes phases de l'occupation de l'homme en Charente et expose les nombreuses pièces mises au jour.
Les premières traces de l'homme en Charente remontent à 500 000 ans avant notre ère. Ses premiers habitants furent certainement des homo erectus. « Il n'a été trouvé aucun ossement de cette époque. » L'homme de Néandertal va lui succéder. « Nous sommes en – 200 000 ans. Avec 170 000 ans d'occupation, ce dernier va se sentir bien dans nos vallées. Nous sommes dans une période glaciaire avec des alternances de périodes tempérées. » Les paysages sont des grandes steppes avec d'importants troupeaux d'herbivores : des bisons, des rennes, des mammouths…
Des abris naturels
« Les habitants, nomades, n'avaient aucun souci pour trouver de quoi se nourrir. En outre, les lieux offraient d'importants habitats naturels : des grottes et des cavités, dans les vallées calcaires de la Rochefoucauld et du sud Charente, avec à leurs pieds l'eau courante. » La Charente est une des zones européennes qui a livré le plus d'hommes fossiles appartenant à cette lignée, notamment sur deux sites : les grottes de la Chaise, à Vouthon, ou d'Artenac, à Saint-Mary.
Succéderont aux hommes de Néandertal, les homo sapiens et les hommes du Solutréen (- 20 000 ans). « Nous sommes à l'apogée du silex, nous leur devons des outils d'une grande finesse, taillés dans les os de rennes. »
L'art apparaît aussi sous diverses formes : peintures, gravures, sculptures. Pour s'en rendre compte, trois sites sont à découvrir. Le Roc de Sers d’abord, fourmille d'informations sur cette période et présente une frise de quatorze blocs sculptés représentant des animaux ; la Chaire-à-Clavin à Mouthiers-sur-Boëme un abri orné d'une frise sculptée ; et enfin, la grotte du Placard à Vilhonneur : ce site exceptionnel est décoré de fines gravures animalières et de signes complexes.
Un détour par l'Espace d'initiation à la préhistoire, à Montbron, complète ces visites et permet aux enfants de s'essayer aux fouilles et à l'art pariétal.
Le réchauffement climatique mettra fin à cette ère, 10 000 ans avant J.-C. « Avec l'arrivée du néolithique, nous entrons dans une période totalement différente, où les hommes deviennent des agriculteurs sédentaires », conclut Jean-François Tournepiche.
Musée d'Angoulême, tél. 05 45 95 79 88 ; www.musee-angouleme.fr
Espace d'initiation à la préhistoire, à Montbron, tél. 06 08 96 02 02 ou 05 45 23 60 09 http://prehistoire-montbron.net