Délimitée au nord par une digue, et au sud par la célèbre estacade de bois, la passe de Capbreton est aussi étroite que périlleuse. C’est la houle et l’annuaire des marées qui commandent dans ces eaux où la profondeur passe en moins d’un quart de mille marin de plus de 50 mètres à 2 mètres devant la jetée. « Les jours de mer houleuse, il faut serrer côté mur en sortant et avoir l’œil du surfeur pour repérer la série et mettre les gaz après la dernière vague de la série. L’aller comme le retour sont parfois très mouvementés ! » m’explique Jean-Pierre Biarrotte, le patron du « Toune », un des 19 bateaux de pêche du port de Capbreton, qui, en plus de son activité de pêche professionnelle, a été le premier à développer une formule de pescatourisme pour faire découvrir son métier aux estivants. « On embarque entre 5 et 6 heures du matin, avec au maximum deux passagers, qui ne participent pas à la manœuvre mais peuvent observer nos techniques de pêche et profiter des panoramas grandioses sur la côte. C’est une expérience enrichissante pour eux, et très gratifiante pour nous. Cela nous permet de sensibiliser le public aux valeurs d’une pêche locale et responsable. »
Pêche artisanale et vente directe
Construit en 1978, « Le Toune » est un petit fileyeur bleu à coque de bois, d’environ 12 mètres, qui rentre dans la catégorie des trémailleurs. C’est-à-dire une embarcation dont les filets, aux mailles adaptées pour les soles, turbots et bars, sont installés à la verticale dans l’eau, et laissent passer les petits poissons. J’ai pris soin de m’équiper chaudement – veste polaire, ciré, bottes, béret – et de prévoir plusieurs petits casse-croûte, s’alimenter régulièrement étant, paraît-il, le meilleur moyen de conjurer le mal de mer. Soucieux de ne pas gêner la manœuvre, je me cale dans un coin à tribord pour observer le ballet bien réglé des pêcheurs qui relèvent les filets. Les gestes sont précis, le démaillage rapide et quelques daurades, merlus et soles remplissent déjà les casiers. Les heures s’écoulent au rythme du travail, et, vers 15 heures, « Le Toune » met le cap sur son port d’attache. Sensation de fierté de descendre la passe avec l’équipage sous les regards des curieux massés sur la jetée. Les prises du jour seront immédiatement débarquées sur le quai, où elles seront vendues directement au public sur le stand du bateau. J’ai déjà réservé une bonite de beau calibre… Souvenir gourmand d’une journée de pêche inoubliable.
« Le Toune ». Tarif : à partir de 40 € par personne (2 personnes au maximum). Renseignements à l’étal du Bateau « Le Toune » (pont B) ou au 06 85 21 34 34.
De la cale à l’assiette
Le privilège de la vente directe, dite « à la pierre du quai », fut accordé par Colbert aux pêcheurs souhaitant écouler leur prise en petites quantités sans passer par une criée officielle. Aujourd’hui, cette tolérance subsiste à Capbreton. Le poste de vente doit demeurer à quelques mètres du bord du quai, en présence du bateau. Entier, vidé, écaillé, en darnes ou en filets, les prix sont doux, de 6 à 12 € le kilo pour du merlu ou du rouget, et 15 € pour de la lotte ou de la daurade de premier choix.