Saviez-vous que cet homme de lettres a couru le Tour de France ? C'était en 2013. Éric Fottorino, 52 bougies au compteur, roulait le même tracé que les pros la veille de chaque étape, accompagné par 23 jeunes cyclistes amateurs. Ce « Tour de Fête » fut un rêve d'enfant exaucé, symbolisant la consécration d'une vieille histoire d'amour. « Depuis toujours et pour toute la vie, je pédale », écrit-il en prologue de son livre « Petit éloge de la bicyclette » (Folio). L'ancien président du directoire du groupe La Vie - Le Monde conjugue sans relâche ses fonctions de cycliste invétéré à celles d'écrivain et de directeur de la publication de l'hebdomadaire « Le 1 ».
Il navigue entre Paris, capitale pour le travail, et la Charente-Maritime, essentielle dans son cœur. Nieul-sur-Mer fut le village de son enfance, La Rochelle incarne ses souvenirs de collégiens puis d'étudiant en droit. C'est sur notre littoral que le journaliste s'est offert ses premières échappées. « Heureux dimanches matins, traversée des villages endormis, odeurs des croissants et du pain frais humées devant les boulangeries, sprints échevelés à l'approche de pancartes annonçant que nous entrions à Nieul-sur-Mer, à Marsilly, à Esnandes, à Charron, la couronne de La Rochelle offerte à nos petites reines », poursuit-il dans son ouvrage laudatif. Aujourd'hui, il passe toujours le braquet supérieur au départ d'Esnandes, où se trouve sa maison. En fin connaisseur des itinéraires cyclistes, Éric Fottorino confie ses circuits favoris.
Esnandes/île de Ré, son « itinéraire roi »
« Nous sommes des êtres d'habitudes, nous finissons par rouler souvent les mêmes circuits », estime l'écrivain. Cependant Éric Fottorino possède son « itinéraire roi ». Ville de départ : Esnandes (au nord de La Rochelle), arrivée : île de Ré. « Je traverse la campagne pour atteindre la côte, je roule jusqu'à Coup-de-Vague où le chemin blanc commence. Je le poursuis jusqu'à hauteur de Marsilly, Nieul-sur-Mer, Lauzières puis je roule jusqu'au port du Plomb, qui a un charme fou. Apparait ensuite la plage de L'Houmeau, où je me baigne parfois. Je grimpe ensuite le pont de l'île de Ré et je choisis une de mes deux ramifications : soit je longe la côte jusqu'à Saint-Martin, soit je vais au Bois-Plage en passant par Sainte-Marie. Les deux sont agréables et font environ 60 kilomètres aller-retour ».
Le Calvaire, circuit d'entraînement
Changement d'allure avec cette boucle d'environ 4 kilomètres, à répéter jusqu'à l'épuisement ! « C'est un circuit d'entraînement, avec une perspective sportive », prévient le cycliste. « Il faut partir de la mairie de Nieul-sur-Mer, avenue du Parc. Je continue sur la rue de l'Océan puis je monte à droite sur une côte courte mais sèche, on l'appelle côte du Calvaire en raison du calvaire qui se situe à son sommet. Une fois en haut je tourne à droite. Ensuite je redescends sur la troisième route à droite à travers champs pour revenir au point de départ. Pour m'entraîner je peux faire ce circuit dix fois, quinze fois, vingt fois... Dans un sens comme dans l'autre. Ces routes n'ont pas changé depuis quarante ans. »
Les variantes en bord de mer
Dans le plat pays rochelais, les itinéraires ne manquent pas. « Je partais souvent de la gare de La Rochelle pour me rendre jusqu'à Rochefort ou Tonnay-Charente en passant par Aytré, Angoulins, Châtelaillon, les Boucholeurs... Ces routes du bord de mer offrent une multitude de variantes. Il m'arrivait de rentrer par exemple par La Jarrie, La Jarne, le canal de Rompsay ou encore de faire la jonction jusqu'à Saint-Xandre en passant par Dompierre-sur-Mer. C'est effectivement relativement plat mais ça souffle souvent. Et le cycliste a rarement le vent dans le dos ! »
« L'univers forestier » de la Côte sauvage
Direction maintenant la Côte sauvage, vers un circuit qui a bercé son adolescence. « J'ai beaucoup pédalé entre Ronce-les-Bains et Royan, il y a environ 60 kilomètres aller-retour. Le décor et le dénivelé sont très différents des alentours de La Rochelle. À l'époque je suivais une route qui passait par Saint-Palais, la Palmyre, le phare de la Coubre... Le grain du bitume était comme la langue d'un chat, ça accrochait. Maintenant je crois qu'il y a une piste parallèle. J'ai d'excellents souvenirs de cet univers forestier de pins et de dunes qui procure de belles lumières ».
En effet, la topographie cyclable a évolué. « Éric Fottorino devait emprunter la départementale, qui est devenue depuis un ''billard'', très roulant. Il n'y a plus de secousses mais davantage de dénivelé, c'est un itinéraire plus sportif. En parallèle il y a effectivement une piste, elle fait désormais partie du tronçon de la Vélodyssée entre La Rochelle et Royan. Par endroit elle passe dans la forêt de la Coubre, qui se trouve tout près de la mer, c'est très agréable », affirme Antoine Rachmuhl, conseiller technique du comité départemental de cyclotourisme de Charente-Maritime.
Les « petits casses-pattes » du sud
Cap sur le sud, dans les « souvenirs flous » du journaliste : « Je me rappelle avoir roulé entre Montendre et Jonzac où il y a des petites casses-pattes. C'était bosselé ! ». Antoine Rachmuhl confirme la présence aujourd'hui « d'un itinéraire bitumé de 30 kilomètres environ entre ces deux communes. C'est une ''rayonnante'', selon l'appellation donnée par la Communauté de communes de Haute-Saintonge qui est maître d’œuvre du réseau cyclable au sein de ce territoire. Il est balisé dans les deux sens et emprunte uniquement des petites routes. Autour de Montendre il y a aussi des ''bouclettes'', des boucles de 5 à 12 kilomètres pour les VTC (vélo tout chemin, NDLR) et des circuits allant jusqu'à la Voie verte ».