Elégance des fugues en Ré
Bordant, au nord, le pertuis d’Antioche, Ré regarde un peu Oléron de haut. La cadette de la famille ne culmine pourtant pas beaucoup, qui grimpe à vingt humbles mètres d’altitude au Peu-des-Aumonts, à Bois-Plage-en-Ré. Mais on ne vient pas ici pour pratiquer l’alpinisme ! Longue de 26 km et large, au plus, de 5 km, l’île la plus septentrionale de l’archipel charentais est de loin, et depuis longtemps, la plus en vue du quatuor. Malgré la construction du pont de 3 km qui a tant facilité le passage entre le quartier de La Pallice à La Rochelle et Rivedoux-Plage, malgré les ruées estivales qui voient enfler la population de 18 000 à 150 000 habitants, « Ré, la blanche », comme on l’appelle en référence à la couleur des maisons typiques souvent tranchées de volets verts, défend passionnément son authenticité.
Restée inconstructible à 80 %, elle ne déroge pas à la règle, posée en 1992, qui interdit d’ouvrir un nouvel hôtel tant qu’un autre n’a pas fermé. Ainsi les Vincent Lindon, Carole Bouquet ou Nicole Garcia qu’on y croise régulièrement, ont-ils leurs habitudes dans leurs familles ou chez leurs amis, tandis que d’autres personnalités ont acquis leur propre maison sur un marché immobilier dont les prix s’enflamment pour dépasser quelquefois les 5000 € du mètre carré. Les Rhétais, cependant, natifs ou d’adoption, n’aiment pas qu’on réduise leur île au luxe ou au « people » qui anime les conversations. Et s’il est vrai qu’à Trousse-Chemise, les pique-nique se font parfois au champagne, persiste sur l’île une cohabitation de bon aloi entre élégance sophistiquée et simples plaisirs insulaires.
Boutiques ultra-chic ou pas , stars croisées ou non, la magie s’insinue toujours des ruelles du ravissant village de La Flotte à la citadelle Vauban de Saint-Martin ; du clocher noir et blanc de l’église d’Ars aux dépaysements de marais salants, du phare de Saint-Clément des Baleines à la longue plage de la Conche…
Et les souvenirs sont inoubliables de la balade à vélo, entre La Couarde et Saint-Martin en passant par le bord de mer, de la partie de pêche à pied, ou de la promenade poussée sur la plage de la Patache, quand la marée basse tire loin la grande langue de sable qui semble conduire aux Tropiques.