Moule de bouchot, entre fierté et légende
Ne proposant pas de plages, la baie de l’Aiguillon, à 10 minutes de La Rochelle, classée Réserve naturelle, est, à tort, trop souvent ignorée des vacanciers. Alors que ce territoire offre des paysages uniques qui évoluent avec les marées et où les interactions, entre terre et mer, façonnent une identité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Avant de m’engager sur le chemin côtier au niveau de Marsilly, je fais une halte au musée de la Baie du Marais poitevin, à Esnandes. Il livre tous les secrets de l’histoire de cet ancien golfe marin drainé et aménagé par l’homme mais aussi sur le mollusque qui fait la fierté des habitants de la baie, la moule de bouchot, et sur sa technique d’élevage sur des pieux en bois. La légende dit que c’est Patrice Walton, naufragé au XIIIe siècle, qui aurait découvert par hasard le procédé. Affamé, il aurait planté des poteaux pour essayer d’attraper des oiseaux dans des filets tendus et aurait constaté que les moules s’y fixaient et grossissaient rapidement.
Une côte ponctuée de carrelets
Retour au bord de l’eau, au lieu dit Coup de vague. À marée basse, des pierres taillées témoignent qu’à cet endroit un port existait au XIIIe siècle. Le long du chemin, au-dessus des falaises, d’étranges cabanes sur pilotis ponctuent la côte. Il s’agit de carrelets. Il est possible d’en louer un pour s’essayer à cette pêche traditionnelle.
À la zone conchylicole de la Pelle, un arrêt s’impose à la Cabane de Manu pour goûter aux trésors de la mer : huîtres, moules et crevettes roses… Emmanuel Mandon, mytiliculteur et ostréiculteur depuis plusieurs générations, n’hésite pas à dévoiler les secrets de la saveur unique des moules de bouchot : le bois et le fait qu’elles se découvrent à marée basse.
Garde-manger pour des milliers d’oiseaux migrateurs
À la pointe Saint-Clément, s’ouvre un large panorama sur la baie. Les bouchots apparaissent peu à peu ainsi que les nombreux bateaux à fond plat s’affairant autour. Au-dessus des falaises, une table d’orientation cadre le décor. C’est aussi un très bon point d’observation des oiseaux. À cet endroit, le paysage jusqu’à Charron est constitué de vasières et de prés salés, véritables garde-mangers pour 30 000 oiseaux migrateurs qui y font une halte. La végétation y est également très riche : salicorne, aster maritime et obione. Attention, cueillette interdite !
Pour clore cette balade, je me rends au port du Pavé, à Charron, cœur de l’activité mytilicole. Le spectacle offert par les bateaux débarquant leur chargement de moules est comme son territoire, unique !
Conseil
Dans les cabanes de dégustation le long de la côte, demandez une églade de moules. Cuites sous une épaisseur d’aiguilles de pin (recette typique de Charente-Maritime), les moules révèlent toutes leurs saveurs