Prête à embarquer ! Je me suis préparée façon Actors Studio. J’ai avalé les écrits de l’écrivain et historien natif d’Argentat-sur-Dordogne Eusèbe Bombal (« La Haute Dordogne et ses Gabariers » ; éditions Les Monédières, collection Hier).
J’ai aussi lu et appris cette chanson, « Au temps des gabariers », composée par l’accordéoniste Altero Betti en l’honneur de ce gendre qui descendait trois jours durant au fil de la Dordogne, jusqu’en « basse Gascogne ».
Comme un gabarier, on pense à se munir d’un couvre-chef et d’eau pour la balade.
Mémoire d’une « Espérance »
Tandis que j’attends sur le pavé du quai, le brouhaha de mes compagnons de route me ramène au XIXe siècle. L’eau était marchande, déjà, et la rivière baptisée « Espérance ».
À l’époque, celui de l’âge d’or, le port d’Argentat-sur-Dordogne voit passer 300 à 400 bateaux par jour.
J’imagine le ballet des chargements et des déchargements : le bois, destiné à la tonnellerie et à la charpenterie maritime à Bordeaux ; les fromages d’Auvergne et les châtaignes ; les peaux tannées à Bort-les-Orgues ; le charbon des mines d’Argentat aussi.
Sensations nature
J’entends cette impatience et cette joie de partir pour l’aventure. Je perçois aussi les commentaires du guide, qui accompagne cette descente vers le port de Beaulieu-sur-Dordogne.
Durée du trajet : une heure et demie.
Je préfère me concentrer sur les mouvements du bateau. Il glisse et ondule sur l’eau, traverse la vallée encaissée de la Dordogne.
Saviez-vous seulement qu’il transportait de 10 à 20 tonnes de marchandises ; selon qu’il mesurait 8, 14, 18 ou 20 mètres ?
Légendes vivantes
La Dordogne me paraît plus sage que celle dont j’ai lu les récits. Les barrages ont calmé son cours tumultueux. Leur construction a rasé les obstacles qui obligeaient à rentrer les rames et à se mettre à genoux à fond de cale.
Quand même, je les imagine, ces gabariers, témoins d’une biodiversité désormais consacrée par l’Unesco et d’un patrimoine bâti dont la chapelle des Pénitents, à Beaulieu-sur-Dordogne, est l’une des images emblématiques. Les légendes ne meurent jamais. Il en va ainsi pour les gabariers de Corrèze…
Connaissez-vous le Coulobre, ou dragon de la Dordogne ? La bête, légendaire, est autant crainte que fêtée à Argentat.